
“L’année Art Graire”, est l’œuvre picturale collective de quatre artistes plasticiens. Ils se sont regroupés autour d’une exposition qui rassemble le design et la poterie traditionnelle remise au goût du jour avec une touche de modernité. Ce savoir-faire est visible jusqu’au 12 février à la Galerie d’Art “Le Paon”, au Centre commercial de l’Office Riadh El Feth (Oref). Du talent, ces exposants en ont à revendre. Ils s’en servent pour édifier une passerelle entre l'”art et le travail de la terre”, ce qui a inspiré l’intitulé de cette exposition. La fondatrice de la galerie et organisatrice de l’exposition, Amel Mihoub a fait de sorte à proposer ce clin d’œil à Yennayer en une vingtaine de toiles du peintre et seul artiste présent au vernissage qui a eu lieu le 12 janvier dernier. Il s’agit de Mohamed Boucetta dont le travail trône au milieu d’autres nombreuses œuvres au design moderne de Tarek Boulifa, des poteries d’art au label “Bacha” et d’autres façonnées des mains de “Yemna”, dernière potière du Mont Chenoua à Tipaza.
Dans ses peintures à l’huile, Boucetta, exalte dans un démêlé vif de coloris, une délicieuses union de traits minutieux, rendue par l’amalgame réussi pinceau et couteau. Le visiteur trempe dans le quotidien des paysans kabyles qui se meut dans diverses situations de vie, dans un monde rural que l’artiste rend fascinant, tant il le sublime dans son signe. Mohamed Boucetta pour la petite biographie est diplômé en 2013 de l’Ecole régionale des Beaux Arts d’Azazga (Tizi-Ouzou). Il compte à son actif une vingtaine d’expositions collectives et la moitié en individuel. Ce jeune artiste estime que “les plasticiens vivent une agonie artistique car les opportunités censées donner de la visibilité sur leur travail se font de plus en plus rares. Et de remercier à l’occasion, les responsables de la galerie Le Paon de lui avoir prêté son espace”. Pour y étaler son travail. Quant à Tarek Boulifa connu sous le sobriquet de “le Sirocco du Nord” met en valeur plusieurs objets du quotidien, lampe, table, tabouret, coussins et vases, modelés dans un design empreint de modernité. Pour lui, c’est une manière de mettre un peu de vie dans ces formes choisies d’être habillées autrement pour y réintroduire une autre vision, une autre manière de regarder, de poser son intérêt sur des objets de tous les jours. Un œil neuf, authentique, sur des ustensiles auxquels on ne fait plus attention tant ils font partie du décor, dont les fonctions sont ordinaires, voire anodines, que le temps a fini par en effacer de notre admiration.
La maison d’art “Bacha” sublime, quant à elle, les poteries à travers plusieurs objets exposés d’utilité et d’usage quotidiens, à l’instar des bocaux, des vases et des jarres, travaillés avec la méthode “Racco”. C’est une technique de cuisson chinoise qui consiste à traiter la matière sous une température très élevée, intelligemment ramenée à la Culture berbère. Les ornements, les motifs et les perforations géométriques sur les poteries d’art “Bacha” racontent des histoires ancestrales de personnes et de lieux et mettent en valeur dans un rendu hautement esthétique, le patrimoine amazigh dans toute sa richesse et sa diversité. “L’homme pense parce qu’il a des mains” a murmuré un visiteur, au regard admiratif devant l’œuvre de Yemna, dernière potière du Mont Chenoua (Tipasa), à exercer sa magnificence sur des ustensiles fabriqués et adornés à la main, regrettant l'”absence de relève” à une “grande artiste” qui a su faire sentir au visiteur “l’attention et la délicatesse du toucher” sur des objets qui ravivent notre “attachement au patrimoine et aux souvenirs du passé”. Un détour par la galerie Paon peut en révéler des choses, tant il y a à voir, à admirer et à apprécier. Un art dans son essence en pleine mutation et qui remue les sens et ouvre des perspectives. Le talent, c’est sûr, y est.